Polluants du sol : quels sont-ils, d’où viennent-ils, et comment les détecter ?
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Sommaire
Les polluants du sol peuvent provenir de sources extrêmement différentes : ancienne friche industrielle, industrie chimique ou émettrice à proximité ou encore épandages de pesticides liés à l’agriculture intensive. Une analyse de sol permet d’identifier la nature et l’ampleur de cette contamination. Il existe ensuite des moyens de détecter cette pollution et d’y remédier avec des techniques comme la bioremédiation ou la phytoextraction.
Un sol pollué contient une concentration dite anormale d’éléments chimiques qui peuvent potentiellement être dangereux pour la santé. La vôtre mais aussi celle des animaux ou des plantes. Ces composés sont présents dans la terre et/ou dans l’eau et contaminent les nappes phréatiques et les végétaux.
La pollution ponctuelle a lieu à un instant circonscrit dans le temps. Selon l’agence européenne de l’environnement, la pollution ponctuelle est caractérisée par des rejets directs mais épisodiques comme ceux émis par les stations d’épuration ou les usines.
On parle de pollution diffuse lorsque les sources sont permanentes comme l’agriculture non biologique et certaines activités industrielles qui utilisent des combustibles fossiles. Ces polluants pénètrent souvent dans le sol à la faveur des pluies qui engendrent ruissellement de surface et infiltration dans les sols.
Le tableau ci-dessous liste quelques exemples de sources de polluants. Cette classification est issue de celle de l’Office français de la biodiversité.
Famille de polluants |
Exemples |
Type de pollution |
Résidus de pesticides |
Produits phytopharmaceutiques et biocides qui permettent de lutter contre les nuisibles |
Pollution ponctuelle liée à des erreurs de manipulation ou pollution diffuse à travers leur usage fréquent |
Pollutions plastiques |
Débris marins |
Effet néfaste sur la biodiversité marine |
Contaminants dits émergents |
Résidus de médicaments, résidus de produits cosmétiques, perturbateurs endocriniens, pesticides néonicotinoïdes |
Impact négatif suspecté ou avéré sur la santé humaine |
Perturbateurs endocriniens |
PFAS, PCB et HAP ou hydrocarbures polycycliques |
Effet nocif sur le système endocrinien humain |
Cette liste n’est pas exhaustive. On peut également citer les métaux lourds qui constituent l’une des familles de polluants majeure du sol : arsenic, cadmium, chrome, cuivre, mercure, plomb, nickel ou zinc.
Les polluants du sol proviennent de sources multiples, avant tout d’origine humaine dite anthropique.
Les risques miniers sont moins importants en France depuis la fermeture des mines de charbon du Nord. Toutefois ces anciennes friches industrielles ne sont pas exemptes de risques. Ces activités produisent des métaux lourds comme le fer, le plomb, le cuivre ou le mercure qui contaminent la terre et les cours d’eau.
Les industries produisent des polluants atmosphériques, tels que le dioxyde de soufre, le monoxyde de carbone ou les COV. Elles peuvent aussi déverser des composés chimiques néfastes dans le sol, à travers l’usage de solvants organiques, de métaux lourds, de pesticides ou de fertilisants
L’agriculture intensive, ainsi que la viticulture, est émettrice de polluants à travers l’épandage d’engrais et de pesticides. On peut citer les triazotes, triazines, les métabolites de dégradation, ainsi que les organismes organo-phosphorés et les organo-chlorés. Cette activité est, le plus souvent, source de pollution diffuse dans les sols et nappes phréatiques à travers les nitrates, les produits phytopharmaceutiques et biocides. Ces derniers visent à détruire les nuisibles qui empêchent les plantes de se développer.
Ces composés néfastes pénètrent dans les sols de manière diverse. Ainsi, si la terre dispose d’une nature très perméable, les polluants la contamineront davantage. Le ruissellement des pluies et la topographie du terrain (la pente) jouent également un rôle.
Les activités domestiques sont aussi émettrices de polluants. Par exemple, les déchets produits par la vie quotidienne, ainsi que leur mode de traitement. La technique de l’enfouissement des déchets peut polluer les sols et l’eau. L’incinération rejette des résidus toxiques dans l’air qui peuvent aussi contaminer la terre.
La pollution urbaine est générée par les véhicules, notamment la circulation automobile et des poids lourds aux abords des grandes agglomérations. Ainsi que par des activités industrielles et le chauffage au bois qui émet des COV et des particules fines comme les PM2.5.
Enfin, les pollutions accidentelles peuvent générer des déversements d’hydrocarbures, notamment dans les cours d’eau ou les zones humides. Les lixiviats constituent la résultante de la dissolution de polluants solides dans le sol, à travers la percolation de l’eau. Ce phénomène est appelé lixiviation des métaux. L’eau est alors contaminée et pollue le sol.
On distingue les polluants organiques (HAP, PCB…) des polluants inorganiques, comme les métaux lourds ou les sulfates.
Cette famille de polluants est la plus vaste. Le tableau ci-dessous en détaille les principales caractéristiques :
Famille de polluant |
Exemple |
Industrie émissive ou source la plus fréquente |
Conséquences |
Hydrocarbures totaux (HCT) |
Pétrole brut, pétrole raffiné, kérosène, essence, gasoil |
Industrie pétrolière |
Toxique pour la santé humaine et les écosystèmes |
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Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) |
Gaz d’échappement, chauffage domestique, incinération de déchets agricoles |
Circulation automobile, chauffage au bois… |
Exposition répétée potentiellement cancérigène pour l’homme : cancer du poumon, de la peau, du foie, de la vessie… |
BTEX |
Benzène, toluène, éthylbenzène et xylène qui sont des composés organiques volatils ou COV |
Raffinage du pétrole, usage de colles, colorants, gaz d’échappement des véhicules à essence, sources naturelles comme les incendies de forêt et les volcans |
Conséquences sur la santé humaine : irritations oculaires et cutanées, lésions au niveau du système nerveux et respiratoire. Réduction de la croissance des végétaux |
PCB (polychlorobiphényles) |
209 composés répertoriés |
Molécules chimiques de synthèse utilisées comme lubrifiants dans l’industrie ou dans la fabrication de transformateurs électriques et condensateurs |
Cancérogène pour l’homme selon le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer), notamment cause du cancer du sein et du lymphome non hodgkinien |
COV (composés organiques volatils) |
Plus de 400 types de COV existent : alcanes, alcènes, hydrocarbures aromatiques, aldéhydes, éther… |
Utilisation domestique de peintures et colles, chauffage au bois, chantier du bâtiment et circulation routière (deux-roues notamment) |
Irritation des yeux et de la gorge, asthme, troubles cardiaques et digestifs, maux de tête, atteinte au système nerveux… |
COHV (composés halogénés volatils) |
Hydrocarbures chlorés, bromés ou fluorés, bréon |
Industrie du textile et de la blanchisserie, solvant, extincteur, réfrigération, aérosol |
Irritation des yeux et de la gorge, maux de tête, somnolence, troubles neurologiques temporaires. A plus long terme atteintes hépatiques et rénales, neurologiques, caractère cancérogène pour le trichloroéthylène |
Les principaux polluants inorganiques sont les métaux lourds comme le plomb, le zinc, le cadmium, l’arsenic, le mercure, le nickel ou le chrome. Ils peuvent être présents à l’état naturel mais sous forme de traces, en très faible quantité. Des industries comme la métallurgie, l’incinération des déchets, les peintures peuvent en produire.
Certains de ces composés sont considérés comme cancérogènes par le CIRC. C’est le cas du cadmium et de ses dérivés. Le plomb est un cancérogène probable, tandis que le méthylmercure est classé comme cancérogène possible. Ces métaux arrivent dans l’organisme par inhalation, exposition cutanée ou ingestion d’eau ou d’aliments contaminés. Ainsi les denrées ayant la plus forte teneur en cadmium sont les coquillages, les abats, les biscuits et le chocolat.
Les fluorures alcalins et alcalino-terreux, comme le fluorure de sodium, sont toxiques en cas d’ingestion et peuvent entraîner irritations cutanée et oculaire. Ils sont notamment utilisés dans la métallurgie, le décapage des métaux, la préservation du bois ou la fabrication de médicaments.
Les chlorures sont produits par la chimie, les puits pétroliers ou dans le traitement des eaux. Ils peuvent être néfastes à haute dose, notamment pour les personnes atteintes de maladies rénales ou cardio-vasculaires.
Enfin, les sulfates sont utilisés notamment dans les shampoings et produits cosmétiques ou dans les détergents. C’est eux qui leur confèrent leur pouvoir moussant et nettoyant, ainsi que leur texture. Ils peuvent être irritants pour la peau à la longue et sont des polluants atmosphériques.
La plupart des polluants entraînent, à la fois, des effets à court et long terme. Ainsi, l’exposition aux COV ou aux BTEX engendrent des irritations oculaires ou cutanées. À doses répétées, certains polluants sont considérés comme cancérogènes par le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC). Ils sont classés dans le groupe 1 comme le benzène, le benzoapyrène, le butadiène, le formaldéhyde ou les particules diesel.
Certains métaux lourds, comme le cadmium, favorisent l’ostéoporose, entraînent un risque accru de bronchites et portent atteinte à la fonction rénale. Ce composé est également classé comme cancérogène certain (groupe 1) par le CIRC.
La plupart des polluants du sol précités sont néfastes pour l’environnement et la biodiversité. Les sols sont détruits et perdent leur fertilité, ce qui empêche toute plante d’y croître normalement. La croissance des végétaux est ralentie, et les nappes phréatiques et cours d’eau sont, eux aussi, contaminés.
Certains polluants du sol, comme les PFAS, ont une durée de vie très longue qui peut aller jusqu’à plusieurs milliers d’années. C’est pour cela qu’on les appelle des polluants éternels. Les polluants organiques persistants (ou POP) se caractérisent par plusieurs éléments :
Ils peuvent être produits de manière intentionnelle : pesticides ou usages industriels. Ou non industriels, par exemple à travers la combustion à l’air libre des déchets et de la biomasse (incendie de forêts…).
Les polluants du sol ne peuvent pas forcément être détectés à l'œil nu, mais certains signes peuvent toutefois vous alerter.
Si les plantes ont du mal à pousser sur votre terrain ou qu’elles sont rabougries ou jaunies, cela constitue de premiers signaux. Un sol taché de rouille, des plaques jaunâtres, noirâtres ou verdâtres peuvent traduire la présence de métaux lourds ou d’hydrocarbures.
Enfin, des odeurs nauséabondes ou de pourrissement sont le signe de la trop forte présence d’humidité et de champignons, mais pas forcément de polluants néfastes.
L’analyse en laboratoire constitue la méthode la plus fiable et complète, à condition de rechercher les bons composés chimiques. Elle s’effectue en plusieurs étapes :
Les tests rapides sont souvent très partiels et peu fiables. Il est préférable d’acquérir un kit complet. Vous effectuez les prélèvements vous-même, mais la terre prélevée est envoyée en laboratoire pour analyse. Quelques semaines plus tard, vous recevez un rapport détaillé des résultats avec interprétation. Pouryère propose ce type de services à travers plusieurs de ces kits dédiés pour l’analyse des polluants de votre sol : analyse des métaux lourds (arsenic, cadmium, chrome, cuivre, nickel…), des polluants du sol (HCT, HAP, métaux lourds), des pesticides (triazotes, triazines…) ou des PFAS comme les PFOS ou PFOA.
Il existe des bases de données nationales qui répertorient les zones dont le sol est pollué. On peut citer les secteurs d’information sur les sols (SIS). Il s’agit d’une carte, consultable en ligne, qui permet de saisir une région, un département et une commune et d’obtenir la liste des zones concernées.
Le BASOL est une base de données qui recense les sites et sols pollués qui peuvent nécessiter l’intervention des pouvoirs publics à titre curatif ou préventif. Le BASIAS est également une base de données nationale qui décrit les sites industriels, abandonnés ou en activité, qui sont susceptibles d’engendrer une pollution de l’environnement. Vous pouvez vous y référer pour une première investigation. Si votre terrain est dans une zone qui y figure, des recherches plus précises s’imposent.
Plusieurs référentiels offrent des valeurs limites pour les polluants du sol comme la norme NF U 44-551 qui concerne les cultures, l’arrêté du 12/12/2014 (ISDI - Installation de stockage de déchets inertes) ou l’arrêté du 20/06/2023 qui concerne les PFAS ou polluants éternels.
Ci-dessous quelques-unes de ces valeurs :
En cas de dépassement, ne consommez pas les aliments issus des cultures. Et ne buvez pas l’eau issue d’un puits ou de nappes phréatiques contaminées. Il y a aussi une obligation de dépollution prévue par l’article L. 556-3 du Code de l’Environnement. Dans ce cadre, le Préfet peut ordonner l’exécution de travaux aux frais du responsable de la pollution : dernier exploitant du site, producteur ou détenteur des déchets. Il peut arriver d’être mis en cause, même sans être à l’origine de la pollution, notamment s’il est prouvé que rien n’a été entrepris pour la limiter ou l’endiguer.
Ne consommez pas les fruits et légumes, ni les œufs produits par vos poules qui se nourrissent d’organismes vivant dans la terre polluée. Si votre terrain comporte des flaques de polluants ou une zone de déchets inertes, ne fréquentez pas cette portion. En attendant une entreprise de dépollution, isolez-la avec des barrières pour que personne ne s’y risque.
Si votre sol contient des polluants, le recours à une société spécialisée dans la dépollution est indispensable.
Le premier réflexe à avoir est d’éviter de vous exposer à la pollution. Cela passe d’abord par une restriction d’accès via des barrières et une signalisation, ainsi qu’une information de vos proches. Ne laissez pas non plus vos animaux de compagnie s’y rendre.
La technique du paillage est également intéressante pour éviter la dispersion des composés chimiques les plus volatils. Certaines plantes sont aussi considérées comme dépolluantes, comme la fétuque rouge, la glycérie des marais, la jacinthe d’eau ou le trèfle violet. Mais elles ne seront pas forcément efficaces si vous rencontrez une pollution profonde et de longue date.
Différentes techniques de dépollution peuvent être mises en œuvre par des professionnels :
● La bioremédiation consiste à introduire des micro-organismes spécifiques pour éliminer les déchets. C’est le cas de certaines bactéries et champignons. En revanche, cette technique affiche une efficacité variable, notamment face aux métaux lourds comme le cadmium ou le plomb.
● Avec la phytoextraction, les plantes accumulent les polluants dans leurs parties aériennes récoltables et réduisent la concentration des éléments nocifs dans le sol. Il existe des plantes dites hyper-accumulatrices, souvent exotiques comme l’arbre Pycnandra acuminata ou l’arbuste Grevillea exul, une espèce endémique à la Nouvelle-Calédonie.
● Le confinement vise à isoler les polluants et à les empêcher de contaminer d’autres espaces.
● Il existe une multitude d’autres techniques appliquées en fonction de la nature et de l’étendue de la pollution, comme le lavage chimique du sol ou le tri granulométrique.
Toute technique pour se débarrasser des polluants du sol nécessite l’intervention d’un professionnel. Lui seul saura quelle(s) technique(s) utiliser et la meilleure manière de procéder. Même si vous détenez un diagnostic précis des polluants présents, ne vous lancez pas dans une activité de remédiation, même naturelle, sans conseils avisés.
Les polluants les plus fréquents sont les métaux lourds, les COV, les pesticides et les PFAS, dénommés également polluants éternels. Ces familles de polluants sont présentes sur l’ensemble du territoire, à plus ou moins forte concentration.
Oui un sol peut être pollué sans aucun signe visible. Toutefois, des plantes qui ne se développent pas convenablement ou une terre très compacte peuvent constituer de premiers signaux faibles de pollution.
Une analyse complète de sol pollué avec un prélèvement par un technicien et une analyse en laboratoire peut coûter plusieurs centaines d’euros, en fonction du nombre d’éléments analysés et de la complexité des tests. Il existe des kits fiables avec analyse en laboratoire pour moins de 200 à 300 euros comme ceux proposés par Pouryère.
Il n’y a pas réellement, en France, de loi sur les sols contaminés. La gestion de ces sols se fonde sur l’article L. 241-1 du code de l’environnement. Cela se matérialise par l’établissement de cartes et de bases de données de sites pollués ou potentiellement pollués : CASIAS, SIS et SUP (servitudes d’utilité publique) qui limitent le droit de propriété sur un terrain donné. Ils sont consultables sur le site Géorisques.
Pouryère vous accompagne tout au long du processus de votre analyse de sol. Nos kits de prélèvement sont associés à un guide complet pour vous orienter dans cette action. Une fois cette mission effectuée vous n’avez plus qu’à nous envoyer vos échantillons pour analyse et interprétation complète sous dix jours environ.
Chaque kit d’analyse de sol est spécialisé et poursuit un but précis :