
Analyse de sol agricole : un levier stratégique pour améliorer vos rendements
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Temps de lecture 12 min
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Sommaire
L’analyse de sol agricole est cruciale pour des rendements optimaux, tout en préservant la fertilité de votre terre et sa pérennité. Cela passe par des analyses fines de la structure du sol, d’autant plus si vous êtes en agriculture biologique et que les amendements chimiques ne sont pas possibles.
Premier intérêt d’une analyse de sol ? Déceler d’éventuels manques dans la composition de votre terre, comme des minéraux en quantité insuffisante pour la croissance des végétaux, une vie organique trop pauvre ou un sol qui ne draine pas suffisamment l’eau. Vous saurez ainsi s’il faut apporter des engrais NPK (azote, phosphore et potassium), enrichir votre terre en matière organique ou procéder à des amendements, notamment pour réguler son pH et niveau d’acidité.
Mieux connaître les forces et les faiblesses de votre terre va aussi favoriser l’optimisation des pratiques culturales. Elles interviennent à toutes les étapes de la vie des plantes que vous cultivez : travail du sol et préparation, plantation, entretien, irrigation et lutte contre les ravageurs, récolte ou encore pratiques comme la rotation triennale.
Une analyse de sol agricole identifie également les déséquilibres du sol, susceptibles de mener à des pertes de rendement. C’est, par exemple, le cas d’une terre trop acide (pH inférieur à 5,5 ou 5) qui empêche les végétaux de se développer de manière optimale. Certaines cultures y sont particulièrement sensibles, comme l’orge, les légumes ou la luzerne.
Enfin, analyser votre terre vous aide à répondre à certaines exigences réglementaires, notamment si vous cultivez en agriculture biologique. En effet, vous n’êtes autorisé qu’à utiliser des amendements organiques comme le compost ou le fumier. Ainsi que des fertilisants dont la liste est disponible sur le site de l’Union Européenne. On peut citer :
De la même façon, une exploitation agricole certifiée haute valeur environnementale (HVE) ou qui vise cette certification, qui récompense les structures préservatrices des écosystèmes, doit respecter certaines normes. Une analyse de sol est donc indispensable pour un état des lieux pertinent.
Le pH constitue la mesure de base sur tout terrain agricole. Elle doit être comprise entre 5,5 et 7 pour un rendement maximal. La teneur en nutriments importe aussi, notamment en phosphore, azote et potassium qui sont des agents indispensables à la croissance des végétaux. D’autres oligo-éléments interviennent dans ce développement. On peut citer le zinc et le fer pour la photosynthèse, ou le cuivre et le fer pour la respiration.
L’analyse sert également à évaluer la CEC ou capacité d’échange cationique du sol. Cet indicateur traduit le niveau de fertilité du sol et indique si certains enrichissements sont nécessaires. On considère qu’une CEC suffisante est comprise entre 12 et 15 milliéquivalents (még) pour 100 grammes de sol.
Le taux de matière organique (MO) correspond au rapport entre la teneur en carbone organique de votre terre et sa teneur en azote. Cette matière est composée des résidus des végétaux et des animaux qui ne sont pas encore décomposés. Ainsi que des bactéries, champignons et des petits organismes vivants que sont les nématodes. Ces petits vers sont généralement invisibles à l'œil nu.
La présence d’humus sera davantage constatée sur une terre de nature humifère mais peut concerner toutes les typologies de sol. Il offre une bonne absorption de l’eau et des nutriments, favorables à la pousse des végétaux. Il est issu de la décomposition des végétaux et des animaux du sol, par exemple les lombrics ou les vers de terre.
La structure du sol compte également, ne serait-ce que pour adapter la nature des plantations à la typologie de la terre. Il existe quatre grandes structures du sol et de multiples déclinaisons qui peuvent en combiner plusieurs. Il s’agit des sols argileux, limoneux, sableux et humifères. Ainsi, une terre argileuse retiendra facilement l’eau tandis qu’une terre sableuse devra être irriguée puisque très absorbante. On y cultivera plus volontiers des légumes racines comme les carottes ou les asperges, tandis que les laitues, poireaux, tomates et aubergines se plairont particulièrement dans un sol argileux.
Le niveau de compactage doit aussi être analysé. Une terre très compacte a du mal à drainer l’eau, les racines s’y développent difficilement et les échanges entre nutriments sont réduits. Ce compactage est souvent lié à un sol abondamment travaillé à l’aide de machines agricoles. Des semelles de labour se sont formées, rendant une partie de la terre stérile.
Enfin, le niveau de salinité compte également dans l’évaluation d’un sol agricole. Elle peut être visible à l'œil nu : la terre est rendue blanche par la trop forte présence de sodium, potassium, magnésium, calcium ou chlore. Ce phénomène est favorisé par l’irrigation, la sécheresse ou des pratiques anthropiques, comme les eaux usées, le dessalement, le salage hivernal des routes ou l’exploitation de la potasse.
La présence de résidus chimiques ou polluants doit aussi être détectée. Surtout si vous décidez de convertir en bio ou agriculture raisonnée certaines de vos parcelles. Ou que vous venez d’acquérir une exploitation ou de nouveaux espaces à cultiver. En milieu agricole, on recherche, avant tout, la présence de pesticides ou de métaux lourds. Mais, si le site est situé sur une ancienne friche industrielle, la présence de PFAS, d’hydrocarbures comme les HAP ou de COV peut aussi être détectée.
Dans un sol agricole la profondeur de prélèvement doit être d’au moins 20 à 25 cm, ce qui correspond à la valeur maximale du labour. Effectuez une analyse pour 5 à 10 hectares. La méthode du carottage est utilisée de préférence et nécessite donc, dans la plupart des cas, l’intervention d’un technicien professionnel. Pour minimiser les coûts, vous pouvez aussi réaliser l’opération vous-même à l’aide d’un outil comme une bêche. C’est possible si le nombre de prélèvement est réduit et si vous disposez du temps pour le faire. Il est conseillé d’enlever les gros cailloux, d’une taille supérieure à 2 cm, ainsi que les morceaux de bois et les feuilles.
Ensuite, les échantillons sont envoyés dans un laboratoire agréé aux fins d’analyse. Optez pour un organisme ayant une habilitation, comme Cofrac, ce qui garantit ses compétences techniques et son impartialité. Vous disposez ainsi d’une analyse indépendante, neutre et fiable pour piloter vos cultures et l’amélioration de votre terre.
Le laboratoire analyse différents critères et établit un état des lieux complet de l’état de votre sol agricole. Les éléments suivants sont notamment recherchés :
Vous pouvez aussi demander la recherche de métaux lourds ou de polluants spécifiques, comme les PFAS, dans vos échantillons. Notamment si vous observez des signes visibles, traces ou parties de terrain stériles, que vous vous convertissez au bio ou que votre exploitation est située à proximité d’industries.
Si vous passez par un laboratoire pour l’analyse de votre sol agricole, vous aurez une explication des résultats. Et, parfois, des conseils pour améliorer votre sol.
Les résultats sont généralement délivrés en fonction de valeurs cibles. Par exemple pour le pH on considère qu’en deçà de 5 à 5,5 la terre constitue un terrain acide. Pour certaines métriques, il n’y a pas de chiffre idéal. C’est le cas pour la texture. Chacune d’elle revêtant des avantages et des inconvénients. Une terre argileuse retiendra plus facilement l’eau pour la croissance des végétaux mais sera sensible aux mouvements de terrain. Une terre sablonneuse sera drainante, peu soumise aux risques d’inondation, mais retenant peu les nutriments favorables à la croissance des végétaux.
Le tableau ci-dessous donne quelques valeurs normales des indicateurs les plus importants :
Indicateur |
Valeur normale ou cible |
pH |
Entre 5 / 5,5 et 7 - Sol acide au-dessous de cette valeur. Au-dessus sol alcalin ce qui rend les nutriments, comme le fer, le manganèse ou le zinc moins disponibles pour les plantes |
CEC - Capacité d’échange cationique |
Au-dessous de 9 milliéquivalents par 100 grammes de sol (még/100g) la CEC est très faible. Moyenne entre 9 et 12. Elevée et assez élevée entre 12 et 25. Et très élevée au-dessus de 25 még / 100 g. |
Granulométrie |
En fonction de la taille des grains du sol. 2 micromètres pour l’argile, entre 2 et 20 pour le limon, entre 20 et 50 pour le limon grossier, entre 50 et 200 pour les sables fins et entre 0,2 à 2 mm pour les sables grossiers |
Carbone organique total |
Variable en fonction de la zone géographique notamment. En France, le stock de carbone organique varie entre plus de 13 et moins de 4,5 kg / m2. Les stocks les plus faibles sont souvent observés dans les vignobles et dans les grandes plaines cultivées (agriculture intensive de la Beauce…). Les sols les plus riches sont les terres montagneuses (Alpes, Pyrénées, Jura, Massif Central…) |
NPK (azote, phosphore, potassium) |
Les rapports entre phosphore, azote et potassium doivent être équilibrés. Par exemple 10-10-10 ou 15-15-15. Un déséquilibre en faveur du phosphore est un signe positif, surtout pour la floraison et la fructification des plantes |
PFAS |
Une réglementation existe pour la teneur en PFAS de l’eau. L’annexe I de la directive européenne EDCH fixe à 50 microgrammes par litre la présence maximale totale des PFAS et à 10 microgrammes par litre la somme des 20 PFAS, considérés comme les substances les plus préoccupantes |
Cette liste n’est pas exhaustive et les valeurs peuvent être plus nombreuses, si vous recherchez d’autres composants.
En fonction du type de culture, le travail peut être différent. Cela peut passer par la rotation des cultures et la jachère de certaines portions pour laisser du repos à la terre. L’apport de chaux ou d’amendements NPK peut être judicieux, tout comme la plantation de couverts végétaux qui viendront enrichir le substrat organique et nourrir les végétaux en cours de croissance. Il peut aussi être utile de ne pas trop travailler la terre en amont et de procéder à la technique du semis direct qui ne nécessite pas de compacter, d’aérer ou d’affiner le sol.
Une analyse simple ne peut coûter que quelques centaines d’euros, surtout si vous effectuez vous-même les prélèvements de terre. Vous ne paierez que l’analyse en laboratoire et l’interprétation des résultats.
Pour une analyse de sol agricole complète cela peut aller jusqu’à plusieurs milliers d’euros, notamment si la surface est vaste, que vous avez recours à des carottages et que vous souhaitez analyser de nombreux indicateurs, tout autant liés à la fertilité qu’à une éventuelle pollution.
Pour une grande surface agricole, le tarif va dépendre du nombre de prélèvements à analyser et de la quantité des indicateurs mesurés. Il faut compter le défraiement du technicien qui se déplace, le temps pris par les carottages et l’analyse proprement dite. Contrairement à une analyse pour un particulier, celle liée à un terrain agricole ne s’effectue pas que sur un seul échantillon. En effet, si vous avez plusieurs parcelles mises en culture avec différentes plantes et arbres, il est intéressant de disposer des résultats pour chaque portion. Et d’individualiser les mesures correctives.
Il n’existe pas, à proprement parler d’aides financières pour l’analyse de sol. Certaines régions octroient des aides pour accompagner la conversion au bio ou à la préservation des écosystèmes : couverture permanente des sols, réduction du travail mécanique ou allongement de la durée des rotations de culture.
Il est préférable d’effectuer ces analyses en début d’automne, après les récoltes, ou au printemps. Il faut éviter les périodes d’inondation, de sécheresse ou de gel qui viendraient fausser les conclusions. Il n’y a pas de contre-indication à effectuer des prélèvements sur un terrain cultivé.
Une analyse agricole peut être réalisée en première intention, lorsque vous mettez un champ en cultures. Et ensuite tous les 5 ans ou à la suite d’une action corrective ou d’un apport important d’amendements. Dans ce cas, il convient d’attendre au moins deux mois après un apport d’engrais et six mois à la suite d’un ajout d’amendements.
Si votre sol est sensible ou particulièrement appauvri, effectuez une recherche spécifique du niveau de fertilité et des polluants qui peuvent engendrer cette infertilité. Et renouvelez l’analyse après l’apport d’intrants, d’amendements ou d’actions correctives. De la même façon, si vous entamez une transition vers l’agriculture biologique ou durable, une analyse approfondie avant / après est importante, d’autant que vous serez limité dans les solutions correctives, la plupart des produits chimiques de l’agriculture conventionnelle étant prohibés.
Une analyse classique sera plus superficielle et ne nécessitera que quelques prélèvements de terre. Sur une exploitation agricole, les prélèvements sont souvent effectués via carottages, davantage en profondeur. Et les éléments recherchés plus nombreux.
Oui, les exploitations agricoles de plus de trois hectares, situées en zone vulnérable (aux nitrates), doivent réaliser une analyse de sol. On vient ici rechercher la quantité d’azote minéral dans le sol après l’hiver et limiter les risques de pollution par les nitrates. Ainsi que la teneur en matière organique du sol et le pH. L’analyse doit avoir lieu entre début janvier et mi-mars tous les ans sur une des trois principales cultures de l’exploitation.
C’est possible mais il est préférable de vous faire accompagner par un laboratoire indépendant et agréé. Il vous fournit une interprétation globale et fine des éléments analysés et, dans la plupart des cas, vous offre des pistes d’amélioration.
En général entre 20 à 25 cm, parfois 30 cm. Cela correspond à la valeur maximale atteinte par le labour. Les carottages et prélèvements doivent offrir un panel représentatif de la terre et donc s’effectuer sur plusieurs parcelles, le cas échéant.
Recycler correctement vos batteries et appareils électroniques, laver vos légumes soigneusement et diversifier votre alimentation pour limiter l’accumulation de métaux lourds.
Pouryère vous accompagne tout au long du processus de votre analyse de sol. Nos kits de prélèvement sont associés à un guide complet pour vous orienter dans cette action. Une fois cette mission effectuée vous n’avez plus qu’à nous envoyer vos échantillons pour analyse et interprétation complète sous dix jours environ.
Chaque kit d’analyse de sol est spécialisé et poursuit un but précis :
Pouryère dispose d’une expertise terrain avancée ainsi que. Nous avons mis au point le soilscore qui est une note qui donne un indice environnemental. Il s’agit d’un score global de qualité du sol avec indicateurs de fertilité, de pollution et de biodiversité ainsi que des conseils concrets pour améliorer la qualité de votre terrain.