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Pollution du sol : comprendre les causes, les risques et les solutions pour un sol sain

Écrit par : Joseph OLIVIER

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Temps de lecture 13 min

Qu’est-ce que la pollution du sol ?

Définition simple et scientifique

On considère qu’un sol est pollué lorsqu’il contient des composés chimiques, susceptibles d’être néfastes à la santé humaine ou à celle des animaux ou des plantes. Les polluants constituent des substances toxiques

Pourquoi le sol peut-il être pollué ?

Un sol peut être pollué pour plusieurs raisons :

  • Des sols sont naturellement pollués comme certaines terres qui peuvent être radioactives ou présenter une forte teneur en métaux comme le cadmium et le plomb et les métalloïdes, tels que l’arsenic ou le bore.
  • D’autres sols recèlent une pollution anthropique, c’est-à-dire causée par l’action de l’homme. Ainsi, c’est le cas des pesticides, des PFAS générés par certaines industries chimiques ou métallurgiques ou des HAP, les hydrocarbures aromatiques polycycliques, notamment générés par la combustion d’énergie fossile ou les feux de forêt. 

Qui est concerné par la pollution du sol ?

Tout le monde est concerné par la pollution des sols. Selon le Commissariat général au développement durable, la France compte près de 7 000 sites et sols pollués. Ils sont recensés dans la base Basol. Aucune région n’est épargnée, même les zones montagneuses. Parmi les polluants les plus fréquemment présents, on peut citer les hydrocarbures et hydrocarbures chlorés, les composés organiques volatils (COV), le cyanure, les métaux et métalloïdes et les HAP.

Les agriculteurs et entrepreneurs industriels sont en 1re ligne face à la pollution du sol. Ils sont souvent, à la fois, émetteurs de pollution et victimes de ces rejets puisque ce sont eux qui les côtoient au quotidien.

Les collectivités, selon l’histoire de leur sol et la présence, ou non, de sites industriels, de friches industrielles ou d’exploitations agricoles intensives, sont aussi concernés.

Enfin, les particuliers, surtout s’ils consomment les fruits et légumes de leur potager ou boivent l’eau de nappes phréatiques polluées sont particulièrement exposés, à moyen ou long terme.

Les différents types de pollution du sol

Pollution chimique : hydrocarbures, solvants, métaux lourds…

La pollution chimique est la plus fréquemment observée dans les sols. Dans le tableau ci-dessous nous indiquons quels sont les principaux émetteurs pour chaque classe de polluant :


Type de polluant

Principaux émetteurs

Hydrocarbures

Sites pétroliers, cimenterie, usines pétrochimiques…

Hydrocarbures chlorés (HCC)

Teinturerie, imprimerie, producteur de textile, industrie du bois, aciérie, papeterie…

Solvants

Industrie pharmaceutique, industrie agrochimique ou utilisant des peintures…

COV

Chauffage au bois des entreprises comme des particuliers, fonderie, raffinerie d’acier…

Métaux lourds

Industrie pétrochimique, transport routier, incinération des déchets, producteur de pesticides…

Au sein de la pollution chimique, on peut également citer les PFAS que l’on dénomme polluants éternels. Ils peuvent rester des centaines d’années dans les sols et les nappes phréatiques. Ces substances sont beaucoup utilisées dans l’aérospatiale, l’automobile, la construction et l’électronique. 

Pollution organique : pesticides, HAP, etc.

Les pesticides constituent une pollution d’origine organique. Ils sont surtout utilisés en agriculture et en viticulture. Leur but ? Détruire les prédateurs des cultures ou les rendre inoffensifs, favoriser la croissance des plantes, traiter les animaux d’élevage à l’aide d’antiparasitaires ou en guise de désinfectant. Les plus fréquents sont les herbicides, les fongicides et les insecticides.

Les HAP ou hydrocarbures aromatiques polycycliques sont des polluants organiques dits persistants. Les plus présents dans le sol français sont le fluoranthène et le pyrène. On retrouve, par exemple, le fluoranthène sur des sols qui ont accueilli des industries minières, surtout dans le Nord et l’Est de l’hexagone. 

Pollution bactériologique / biologique

Cette pollution bactériologique est également de nature organique. Elle peut être favorisée par les déchets domestiques comme les ordures ménagères et les eaux usées. Mais aussi le lisier agricole ou des rejets industriels, notamment lorsqu’aucun traitement préalable n’est effectué.

Pollution physique (déchets, plastiques, etc.)

La pollution physique est sans doute la plus visible. Elle se matérialise par la présence de déchets comme les plastiques, des vestiges d’édifice industriel, ou d’activités chimiques à travers le stockage de fûts, par exemple. Ou encore des traces visibles comme des épandages noirâtres ou des zones où la terre est totalement stérile et sur laquelle aucune herbe ni plante ne pousse.

Quelles sont les causes de la pollution des sols ?

Les causes de la pollution des sols sont multiples et, dans la plupart des cas, d’origine humaine. 

Activités industrielles passées ou actuelles

Selon leur nature, ces activités industrielles peuvent rejeter toutes sortes de polluants comme les HAP, les métaux lourds, les hydrocarbures ou encore les PFAS. Les sols sur ces sites, ou à proximité, sont souvent particulièrement exposés à la pollution, notamment si une nappe phréatique est présente en sous-sol.

Les friches industrielles, même réhabilitées, peuvent aussi dissimuler un sol pollué. Dans ce cadre, y cultiver un potager peut être complexe ou nocif en cas de consommation des productions. Il faut alors effectuer une analyse de sol pour connaître la teneur en métaux lourds, hydrocarbures et autres produits chimiques pour entamer un jardin en toute sérénité, ou envisager une dépollution, le cas échéant. 

Activités domestiques (jardinage, bricolage…)

Les activités des particuliers peuvent aussi polluer le sol. C’est le cas du jardinage en cas d’usage de pesticides. Des pratiques agro-écologiques qui visent à réduire l’apport de pesticides dans les potagers permettent d’éviter cet écueil.
Le bricolage (travaux de peinture, usage de produits chimiques pour la construction…) peut aussi provoquer une pollution des sols, notamment à travers l’utilisation de solvants ou de COV qui peuvent s’imprégner dans la terre. 

Décharges sauvages, accidents, etc.

Les décharges sauvages, les sites où sont incinérés des déchets ou des lieux où l’on utilise des hydrocarbures sans précaution sont aussi sources de pollution. Des accidents de la circulation, notamment avec des camions transportant des substances chimiques, peuvent aussi avoir des conséquences.

Tout comme des accidents industriels, tels que les fuites de combustibles ou de produits chimiques. Ou une explosion d’usine comme ce fut le cas de celle de la tour AZF à Toulouse en 2001 : 400 tonnes de nitrate d’ammonium destinés à la production d’engrais ont explosé, entraînant notamment une pollution d’un bras de la Garonne avec des dérivés nitrés. 


usine AZF

Quels sont les risques et conséquences de la pollution des sols ?

Pour l’environnement (eaux, biodiversité)

En premier lieu, la pollution des sols a des conséquences sur la biodiversité et la qualité des eaux. Ainsi, les pesticides sont des biocides qui détruisent les organismes vivants, notamment les organismes aquatiques. Ces polluants peuvent aussi contaminer les nappes phréatiques, ce qui se répercute sur les sols ou l’eau avec laquelle les plantes sont arrosées. Enfin, les produits chimiques peuvent aussi favoriser la stérilité du sol qui ne dispose plus des nutriments nécessaires à la croissance et à la vie des végétaux. 

Pour la santé humaine (contact, ingestion indirecte, culture)

Nombre de polluants du sol sont considérés comme cancérigènes ou probablement cancérigènes par les autorités sanitaires. Le centre international de recherche contre le cancer (CIRC) a publié un tableau qui classe les agents chimiques comme cancérogènes pour l’humain. C’est, par exemple, le cas de certains HAP comme le pyrène, des solvants comme le benzène, des métaux tels que l’arsenic, le cadmium ou les composés du nickel. Certains PFAS, comme le PFOA, entrent aussi dans cette catégorie.

L’ingestion de ces produits à travers la consommation de végétaux ou d'œufs contaminés, ainsi que la consommation d’une eau polluée peuvent s’avérer dangereux pour la santé humaine.

Pour les écosystèmes agricoles et forestiers

Les écosystèmes agricoles et forestiers peuvent aussi être impactés par la pollution d’origine humaine. Notamment à travers les métaux lourds ou les HAP qui contaminent les sols. Des feux de forêts fréquents, la proximité de sites industriels ou chimiques ou d’anciens sites miniers peuvent empêcher certaines essences d’arbres de se développer convenablement.

Comment diagnostiquer la pollution d’un sol ?

Il existe plusieurs manières de diagnostiquer la pollution d’un sol. 

Signes visibles / alertes locales

Certains terrains présentent des signes visibles de pollution du sol : traces d’hydrocarbures ou de stockage de produits chimiques, herbe jaunie ou portion stérile sur laquelle rien ne pousse, déchets plastiques ou encore décharge à ciel ouvert avec présence de métaux et odeurs fortes.

L’histoire du sol aide aussi à déterminer le caractère potentiellement pollué d’un terrain. Par exemple, s’il se situe sur une ancienne friche industrielle, un ancien bassin minier ou une zone appartenant à une entreprise chimique ou à l’industrie lourde.

Tests de terrain simples

Avant de recourir à un laboratoire d’analyse du sol, quelques test de terrains simples peuvent être menés :

  • Le visuel : nappe d’hydrocarbures sur une étendue d’eau ou au sol, déchets divers, fûts entreposés… Ainsi que des taches dans la terre : orange qui dénotent une oxydation ou bleutées.
  • Observez également les plantes. Sont-elles jaunies ou flétries ? Présentent-elles des moisissures, signe de la présence trop importante de métaux.
  • L’odorat : une odeur désagréable, de plastique brûlé, de goudron ou de décomposition.
  • Un prélèvement simple du sol avec une bêche. S’il y a très peu de vers de terre, de racines ou d’activités biologiques, le sol est pauvre. D’autant plus s’il est très sec et peu riche en humus.

Cependant, ces tests rapides et superficiels ne remplacent pas une analyse de sol en laboratoire. 

Analyse en laboratoire (métaux lourds, solvants, HCT…)

En laboratoire, il est possible de faire analyser la plupart des métaux lourds, HAP, PFAS, hydrocarbures ou pesticides. Si vous avez une idée de la nature des polluants (ancienne friche industrielle, proximité avec des activités d’agriculture intensive), ciblez votre demande pour diminuer les coûts.

Il existe aussi des entreprises, comme Pouryère, qui proposent des kits de test réalisés en laboratoire qui débutent à moins de 100 euros. Vous prélevez vous-même la terre mais analyse et interprétation sont effectuées par des scientifiques. Il existe des kits dédiés à la détection de métaux lourds (arsenic, cadmium, chrome, plomb…), aux polluants majeurs comme les HCT et HAP, aux PFAS ou aux pesticides (triazotes, triazines ou composés organo-phosphorés). 

Accès aux données publiques (BASIAS, BASOL, sites à risques)

Enfin, en France, il existe des bases de données publiques pour détecter les sites à risques. C’est le cas de la plateforme BASOL à travers laquelle vous pouvez savoir si un site est concerné par une pollution. Ou de BASIAS qui concerne la pollution des anciens sites industriels et des secteurs répertoriés comme secteur d’information sur les sols (SIS). Ceux-ci sont des zones affectées par une pollution connue des services de l’Etat. 

Quelles solutions en cas de pollution des sols ?

Mesures immédiates à prendre (confinement, non-utilisation)

En cas de pollution du sol, il est conseillé de ne plus consommer les végétaux qui en sont issus. Ni de manger des animaux ou produits animaux ayant été en contact avec le sol. Ni de boire l’eau du robinet, si elle est issue d’une nappe phréatique contaminée, ou d’ingérer l’eau d’un puits situé sur le terrain.

Dans certains cas, plus extrêmes, des mesures de confinement du terrain pollué peuvent être prises. Pour cela, il existe plusieurs techniques comme l’installation d’une barrière imperméable autour de la zone contaminée. Des puits d’extractions peuvent être mis en place pour extraire les vapeurs et contaminants pour les retraiter ensuite.

Dépollution : techniques physiques, chimiques, biologiques

DIfférentes techniques de dépollution peuvent être mises en œuvre par une société spécialisée. On peut citer le compostage, le lavage chimique, l’excavation, le tri granulométrique ou encore la biostimulation anaérobie qui permet de dégrader les contaminants organiques, à la fois dans le sol et les eaux usées. 

Que dit la loi sur la pollution des sols ?

Cadre réglementaire en France

En France, il y a plusieurs réglementations liées à la pollution des sols.


Réglementation

Portée

Personnes ou entités concernées

Information liée à l’existence de sites et sols pollués à travers la loi Alur et les secteurs d’informations sur les sols

Ces secteurs doivent figurer dans les annexes des plans locaux d’urbanisme - L’Etat doit aussi publier une carte des anciens sites industriels et activités de services

L’Etat

Le vendeur ou le bailleur doit informer l’acquéreur en cas de vente ou de location d’un terrain situé en secteur d’informations sur les sols ou d’un terrain sur lequel ont été exploitées des installations classées soumises à autorisation ou enregistrement

Information par écrit à destination du nouveau propriétaire ou du locataire

Particuliers ou professionnels

Obligations de dépollution (article L. 556-3 du Code de l’Environnement)

En cas de pollution ou de risques de pollution des sols, le Préfet peut ordonner l’exécution de travaux de dépollution aux frais du responsable

Toute personne responsable d’une pollution des sols

Obligations pour les propriétaires de terrains pollués

Tout propriétaire de terrain pollué doit faire exécuter, à ses frais, des travaux de dépollution. A part s’il est prouvé que la pollution est antérieure à l’acquisition du terrain concerné. Il s’agit notamment du dernier exploitant du site, du producteur ou du détenteur des déchets. Parfois, le propriétaire du terrain peut être mis en cause même s’il n’est pas responsable de la pollution : par exemple, s’il a fait preuve de négligence ou qu’il n’a pas contribué à la limiter.

Cas des sites SEVESO / anciens sites industriels

La directive SEVESO ne concerne pas directement la pollution des sols mais gère les risques liés à ces industries. Ainsi, cette mesure a notamment instauré les plans de prévention des risques technologiques (PPRT) ou le développement de la base ARIA qui recense les accidents industriels, comme celui d’AZF en 2001.

L’Etat a aussi mis en place plusieurs dispositifs pour conserver la mémoire des sites pollués ou potentiellement pollués, et ce même s’ils ont été réhabilités :

  • La CASIAS ou carte des anciens sites industriels et activités de services.
  • Les SIS ou secteur d’information sur les sols qui sont les sites pour lesquels l’Etat à connaissance d’une pollution.
  • Les SUP ou servitudes d’utilité publique qui limitent le droit de propriété sur un terrain donné. Elles visent à protéger les populations de pollutions résiduelles, même après leur réhabilitation. 

L'auteur de l'article : Joseph OLIVIER

Joseph OLIVIER est entrepreneur dans le domaine de l'environnement. Originaire de Nantes, il se forme la gestion de déchets et l'environnement avant de créer un bureau de conseil en économie circulaire. En 2022 il co-fonde Pouryère avec l'ambition de réponse aux préoccupations des citoyens sur la qualité des sols en France et l'accès à la donnée environnementale.

Questions fréquentes sur l’analyse de sol (FAQ)

Comment savoir si mon sol est pollué ?

Vous pouvez d’abord effectuer une estimation visuelle (traces de pollution, plantes qui ne poussent pas ou mal) et détecter d’éventuelles mauvaises odeurs. Ensuite une analyse de sol en laboratoire va vous donner la nature des polluants et leur niveau de concentration dans votre sol. 

À qui faire appel pour une analyse ?

Vous pouvez faire appel à un expert en analyse de sol. Un technicien se déplace chez vous pour les prélèvements et les achemine ensuite en laboratoire. Test et analyses y sont effectués pour évaluer la pollution et envisager des mesures correctives. Il existe aussi des kits de test très fiables, comme ceux de Pouryère. Vous effectuez les prélèvements vous-même mais les analyses ont aussi lieu en laboratoire.

Mon terrain est pollué, puis-je vendre ? Construire ? Cultiver ?

Si votre terrain est pollué, il est fortement déconseillé de le cultiver, vous risquez de vous exposer à des produits chimiques, dangereux pour votre santé à long terme. Vous avez le droit de vendre ou de louer votre terrain, mais vous devez informer le futur acquéreur de son état. La construction reste possible, mais le maître d’ouvrage doit mettre en œuvre des mesures de gestion de la pollution des sols.

Qui paie la dépollution d’un terrain ?

C’est le responsable de la pollution qui paie la dépollution. Il peut toutefois arriver que ces frais incombent au propriétaire, même s’il n’est pas à l’origine de la pollution, notamment s’il a fait preuve de négligence ou a contribué à l’accentuer. 

Pourquoi faire confiance à Pouryère pour votre analyse de sol ?

Un accompagnement complet, de la prise d’échantillon à l’interprétation

Pouryère vous accompagne tout au long du processus de votre analyse de sol. Nos kits de prélèvement sont associés à un guide complet pour vous orienter dans cette action. Une fois cette mission effectuée vous n’avez plus qu’à nous envoyer vos échantillons pour analyse et interprétation complète sous dix jours environ.

Des solutions pour particuliers, agriculteurs, collectivités et entreprises

Chaque kit d’analyse de sol est spécialisé et poursuit un but précis :

  • AGROKIT pour l’analyse agronomique du sol.
  • POLLUKIT pour les polluants.
  • PESTIKIT pour la détection des pesticides.
  • PFASKIT pour les PFAS.
  • METKIT pour les métaux du sol.
  • SOLKIT pour l’état de santé complet du sol (analyse agronomique, détection des polluants et métaux).
  • ISDIKIT à destination des professionnels du BTP.

Notre expertise terrain et nos outils de diagnostic avancés

Pouryère dispose d’une expertise terrain avancée ainsi que. Nous avons mis au point le soilscore qui est une note qui donne un indice environnemental. Il s’agit d’un score global de qualité du sol avec indicateurs de fertilité, de pollution et de biodiversité ainsi que des conseils concrets pour améliorer la qualité de votre terrain. 

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